Les Espèces Animales dans la Collection Harrison

Par Kirsty Graham

Le Colonel James Jonathon Harrison a parcouru les quatre coins du monde pour chasser des animaux peu communs et de grande taille pour ajouter à sa collection de trophées animaliers. Son trésor était vaste et ses activités suffisamment prolifiques pour susciter des commentaires de la part de son collègue chasseur Percy Powell-Cotton, des taxidermistes renommés Rowland Ward et au départ de la Corporation de Scarborough à qui sa collection a été offerte. À l'époque, la plupart des murs de Brandesburton Hall étaient tapissés de pièces d'animaux.

 

Cette page fournit une liste d'espèces qui peuvent être attribuées à la collection Harrison.

LES DESCRIPTIONS

Bushbuck (Tragelaphus scriptus) d'Abyssinie 1899 © Musées et galeries de Scarborough

Bushbuck (Tragelaphus scriptus)
Liste rouge de l'UICN : Préoccupation mineure, stable

Taille : 0,5-1m de haut                      Poids : 25-80kg

Le bushbuck est une espèce d'antilope qui vit dans ~40 pays africains. Ce spécimen a été chassé lors de l'expédition de JJ Harrison "à travers la vallée de la Hawash jusqu'au lac Rudolf" (Harrison 1901). Harrison a voyagé avec un géomètre et un taxidermiste pour enregistrer l'expédition et pour préserver ses trophées de chasse. Ses journaux intimes indiquent qu'il a chassé un autre bushbuck en 1900 et quatre autres en 1904.

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Gazelle de Grant de la Collection Harrison © Musées et Galeries de Scarborough

Gazelle de Grant (Gazella granti) Tête de trophée du lac Rudolph, 1900.
Liste rouge de l'UICN : Préoccupation mineure, en diminution
Taille: 1,4-1,7m de long Poids: 45-65kg

La gazelle de Grant, nommée d'après le colonisateur écossais James Augustus Grant (1827-92), vit en Afrique de l'Est et comprend trois sous-espèces. En plus de les collectionner comme trophées comme celui-ci, l'expédition de JJ Harrison mangeait des gazelles de Grant, entre autres espèces : "Heureusement, notre camp se trouvait au milieu d'innombrables troupeaux de gibier -- bubales, gazelles de Grant et daims des roseaux principalement -- donc nous n'avons pas eu besoin de consommer nos provisions." Tout au long de ses journaux intimes, Harrison rapporte avoir abattu pas moins de 15 gazelles de Grant, donc elles furent une des espèces qu'il chassait le plus.

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Tête de trophée du lac Rudolph, 1900. Musées et galeries de Scarborough

Gazelle de Thomson (Gazella thomsonii)
Liste rouge de l'UICN : Préoccupation mineure, en diminution

Taille: 55-82cm de haut Poids: 15-35kg

Cette gazelle porte le nom d'un autre colonisateur britannique, Joseph Thompson (1858-1895), qui, à la fin de sa vie, fut employé par Cecil Rhodes pour obtenir des traités et des concessions minières au nom de la British South Africa Company. En contradiction avec l'imagination populaire, les "explorateurs" comme Thompson et Harrison se sont rarement consacrés exclusivement à la recherche naturaliste et géographique - ils ont joué un rôle central dans l'expansion coloniale européenne. Il ne semble pas y avoir de référence à la gazelle de Thomson dans les journaux de Harrison, mais une autre gazelle - la gazelle de Clarke, aujourd'hui plus communément appelée "dibatag" - y figure à plusieurs reprises. Comme on pouvait s'y attendre, la gazelle de Clarke doit son nom à un administrateur colonial anglais (un raciste et antisémite connu), George S. Clarke. La façon dont les espèces ont été nommées est indissociable de l'histoire de la chasse au trophée et du colonialisme.

 

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Colobus guereza (Colobus guereza) © Musées et galeries de Scarborough

Colobus guereza ou à manteau blanc (Colobus guereza).
Liste rouge de l'UICN : Préoccupation mineure, en diminution

Taille: Jusqu'à 75cm de long Poids: 4-14kg

 

Ces magnifiques singes sont chassés par les léopards, les aigles, les chimpanzés et les humains. On trouve des colobes dans au moins 15 pays d'Afrique, et ce spécimen fut chassé dans l'État libre du Congo en 1904. L'État libre du Congo correspondait à la totalité de l'actuelle République démocratique du Congo, et était la propriété privée et exploitée par le roi Léopold II de Belgique. Les singes colobes ont une fourrure noire avec de longues touffes blanches qui poussent sur leurs côtés, ce qu'on appelle leur "manteau". Cette fourrure les a longtemps rendus attrayants pour les chasseurs, mais leur plus grande menace actuelle (comme pour de nombreuses espèces animales dans le monde) est la perte de leur habitat.

Visitez le site de l'African Wildlife Foundation pour en savoir plus sur les singes colobes!

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Gerenuk (Litocranius walleri) du lac Rudolph. 1900 © Musées et galeries de Scarborough

Gerenuk (Litocranius walleri) du lac Rudolph. 1900.
Liste rouge de l'UICN: Quasi-menacé, en diminution

Taille: 140-160cm Poids: 29-58kg

Il ne semble pas y avoir de référence au gerenuk dans les journaux intimes de Harrison, mais peut-être l'appelait-il par un autre nom. Comme le dibatag (autrement connu comme gazelle de Clarke), le gerenuk est maintenant plus connu par son nom somalien. Renommer les espèces (comme on renomme les lieux) est une pratique décoloniale. "Gerenuk" signifie "cou de girafe" en somali, et ces antilopes au long cou portent bien leur nom. Le long cou du gerenuk lui permet de se nourrir de feuilles plus élevées, que de nombreuses autres gazelles et antilopes ne peuvent pas atteindre.

Visitez l'African Wildlife Foundation pour en savoir plus sur le gerenuk!

 

Antilope pygmée de Harrison (Hylarnus harrisoni ou Nesotragus Batesi) © Musées et galeries de Scarborough

L'antilope pygmée de Harrison (Hylarnus harrisoni ou Nesotragus Batesi) Holotype.
Liste rouge de l'UICN: Préoccupation mineure, inconnu
 

Il y a une certaine controverse à propos de la classification de cette espèce d'antilope, mais elle est la plus connue sous le nom d' antilope pygmée de Bates. Cette espèce a été nommée d'après le naturaliste américain George Latimer Bates, l'antilope pygmée de Harrison étant maintenant considérée comme la sous-espèce occidentale de l'antilope pygmée de Bates, Nesotragus batesi harrisoni. La façon "scientifiquement" dont nous appellons les espèces peut être controversée. Le "découvreur" choisit le nom et les noms locaux sont rarement utilisés (mais vois Gerenuk et Dibatag). L'attribution des espèces n'est pas simple, et les espèces sont régulièrement reclassées. L'antilope pygmée de Bates a récemment été réassignée du genre Neotragus à Nesotragus pour refléter sa parenté plus proche avec les impalas qu'avec les céphalophes. La façon dont les scientifiques peuvent recatégoriser les espèces pourrait être un indicateur encourageant; indiquant que leurs anciens noms coloniaux peuvent également être modifiés.

 

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Tête de trophée d'Ourebia ourebi (Oribi) provenant d'Abyssinie en 1889 © Musées et galeries de Scarborough

Tête de trophée Oribi (Ourebia ourebi) d'Abyssinie 1889.
Liste rouge de l'UICN: Préoccupation mineure, en diminution

Hauteur: 50-67cm aux épaules Poids: 12-22kg

 

L'Oribi est une espèce d'antilope que l'on trouve dans un large éventail de savanes et autres habitats herbeux. Selon leur habitat, ils ont de différents systèmes d'accouplement, ce qui est inhabituel pour les antilopes. Les journaux de Harrison témoignent d'avoir tiré sur pas moins de 25 oribi - son espèce la plus chassée ! Les oribis ont une distribution très large, à travers l'Afrique occidentale, orientale et australe. Le nom est dérivé de leur nom afrikaans, " oorbietjie ", et même s'il ne porte pas le nom d'un colonisateur, son nom provient comme même d'un langage coloniale. D'autres noms d'espèces afrikaans que vous pourriez reconnaître sont le gnou, le springbok, le steenbok, l'oryctérope et le céphalophe.

 

 

Duiker sp. (Cephalophinae) © Musées et galeries de Scarborough

Duiker sp. (Cephalophinae)
Liste rouge de l'UICN

Il existe plus de vingt espèces de céphalophes (un nom qui est aussi afrikaans), une sous-famille de petites antilopes, mais Harrison ne précise pas souvent l'espèce en question dans ses carnets. Il a chassé environ 15 céphalophes tout au long de ses carnets, et la seule espèce à laquelle il fait référence est le céphalophe rouge au Mozambique. Les céphalophes rouges mesurent environ un demi-mètre et pèsent environ 15 kg. Ils vivent dans les forêts et dans une végétation plus dense, et la disparition de ces types d'habitat constitue une menace pour eux.

 

 

 

Oryctérope (Orycteropus afer) © Musées et galeries de Scarborough

L'oryctérope (Orycteropus afer)
Liste rouge de l'UICN: Préoccupation mineure, inconnu

Taille: 105-130cm Poids: 60-80kg

Comme l'oribi, le terme aardvark vient également de l'afrikaans et signifie "cochon de terre". Ce sont des animaux nocturnes fouisseurs, donc très difficiles à repérer. Les oryctéropes sont largement répandus en Afrique, et ils sont plus grands qu'on ne le pense ! Leur taille et leur poids correspondent à ceux des léopards ! Les journaux intimes de Harrison ne précisent pas où et comment il a acquis ce spécimen. Les oryctéropes se nourrissent principalement de fourmis et de termites, mais ils ont également une relation symbiotique avec le "concombre d'oryctérope", un fruit souterrain qui pousse dans leurs terriers.

Dans les carnets africains de Harrison, on trouve trois références à des "mangeurs de fourmis".

le 2 décembre 1899 Journal de Harrison © Musées et galeries de Scarborough

"Je suis parti à la chasse le long des collines ; après 3 milles à chasser des koodoo de moindre qualité, j'ai soudainement vu une queue qui sortait d'un grand trou dans un tas de fourmis. Voyant un animal, j'ai demandé à mon shikaree d'enfoncer un bâton plus loin dans un trou latéral, et un mangeur de fourmis est sorti – je l'ai rapidement abattu - un merveilleux coup de chance, car très peu de gens en ont jamais vu, et encore moins en ont abattu.”

 




 

 

le 2 décembre 1899, Journal de Harrison © Musées et galeries de Scarborough

Ces dimensions correspondent à celles de l'animal étiqueté “? Mangeur de fourmis" dans la collection du Scarborough Museums Trust. L'animal du musée correspond aux descriptions générales d'un oryctérope, y compris le fait qu'il ne possède que 4 orteils sur les pattes d' avant.

 

 

La deuxième description d'un "mangeur de fourmis" par Harrison se trouve dans son journal de 1908, lorsqu'il retourna dans la région de la forêt d'Ituri.

le 17 février 1908, Journal de Harrison © Musées et galeries de Scarborough

"Nous nous sommes levés tard car nous avions l'intention de passer toute la journée au camp attendre le Com. Eugh qui est, en effet, arrivé à 15.30 avec trente soldats et une grande suite. Suivant son conseil, nous avons envoyé les deux paires de défenses à Irumu et je les récupérerai à mon arrivée à Hambourg. Pendant la journée, j'ai attrapé une bête curieuse, avec une très longue queue et une langue couverte de grandes écailles. Il nous a fallu du temps pour le tuer car il semblait prospérer sur les poisons. Le soir, au clair de la lune, nous avons eu notre visite habituelle d'un énorme un seul défricheur.”

Cette description fait plutôt penser à un pangolin. Les pangolins sont couverts d'écailles kératiniques et il est connu qu'ils habitent dans la région de la forêt de l'Ituri.

“Levé à l'aube, j'ai fait un raccourci jusqu'à Leese, 2 ½ heures. J'ai eu un spécimen de tamanoir à longue queue ou un tatou. Vers l'heure du thé, nous avons reçu notre courrier anglais ; trois paquets de papiers, envoyés par M. Van Marcke, qui dort au camp voisin.”

Il n'existe pas d'espèce de fourmilière connue sous le nom de "longue queue". Il existe cependant une espèce de pangolin connue sous le nom de pangolin à longue queue (Phataginus tetradactyla), qui réside dans le bassin du Congo. Le tatou n'est originaire que des "Amériques". Une fois de plus, la description fournie par Harrison ne correspond pas au spécimen de la collection du musée.

le 4 février 1909, Journal de Harrison © Musées et galeries de Scarborough

 

A propos de l'auteur

Le Dr Kirsty E. Graham - est Chercheur Associé à l'Ecole de Psychologie et de Neuroscience de l'Université de St Andrews. Les recherches du Dr Graham portent sur la façon dont les grands singes utilisent les gestes pour communiquer, et elle a passé beaucoup de temps à étudier les bonobos en République démocratique du Congo.


Les Références:

Harrison, J. J. (1901). A journey from Zeila to Lake Rudolf. The Geographical Journal, 18(3), 258-275.